L’arrivée des Français
En 1660, un traité franco-anglo-caraïbe garantit aux Caraïbes l’entière propriété des îles de la Dominique et de Saint-Vincent. Mais la tension finit par monter entre Caraïbes noirs et Caraïbes rouges, au point où les deux peuples divisèrent l’île Saint-Vincent en 1700: les Noirs à l’est, les Rouges à l’ouest. En réalité, ce fut le gouverneur de la Martinique qui décréta que la moitié est de Saint-Vincent serait attribuée aux Noirs et la moitié ouest aux Rouges. Craignant sans doute la domination des Caraïbes noirs et la mainmise des Anglais, les Caraïbes rouges autorisèrent les Français à établir des colonies en 1719. Ceux-ci envoyèrent des missionnaires chez les tous les Caraïbes et finirent par établir des relations relativement pacifiques avec les deux peuples caraïbes de l’île. Décimés par les guerres et les maladies, les Caraïbes rouges finirent par disparaître, laissant les Caraïbes noirs comme les uniques héritiers de leur langue et de leur culture.
Une nation libre et indépendante
Puis, entre 1763 et 1783, Britanniques et Français se disputèrent le contrôle de Saint-Vincent, bien que le traité de Paris de 1763 avait reconnu les îles Saint-Vincent et la Dominique comme des îles «neutres». Les Britanniques tentèrent à plusieurs reprises d’occuper Saint-Vincent, mais les Caraïbes noirs se révélèrent de forts bons guerriers et réussirent à les repousser; ils infligèrent même une cuisante défaites aux Anglais qui durent leur reconnaître le droit d’exister comme «nation indépendante».
La défaite
Mais, en 1782, le traité de Versailles accorda aux Anglais la possession de l’île Saint-Vincent; les Caraïbes ou Garifunas furent alors livrés à leurs pires ennemis. Les Britanniques fondèrent des plantations de canne à sucre et firent venir des esclaves africains pour y travailler, mais les Français encouragèrent les Garifunas à s’opposer à la colonisation britannique. En 1796, unis sous le commandement de leur chef, Joseph Chatoyer, les Garifunas repoussèrent les Britanniques le long de la côte ouest vers Kingstown. Lorsque, quelque temps après, Chatoyer fut tué dans un combat singulier par un Anglais et que les Français durent laisser tomber leurs alliés, les Garifunas furent définitivement vaincus.
Les Britanniques ne pouvaient accepter que des Noirs soient libres sur l’île vaincue et qu’ils continuent de vivre parmi eux, comme des Blancs. Comme c’était la coutume anglaise à l’époque, il fallait liquider les populations jugées indésirables. Les Anglais pourchassèrent tous les Garifunas pour les emprisonner, brûlant au passages les maisons, prenant le bétail et tuant dans la mêlées des centaines de résistants. Puis, le 15 juillet 1796, Henry Dundas, le secrétaire d’État britannique à la guerre, ordonna au major-général Sir Ralph Abercromby de transporter les 4300 prisonniers garifunas sur l’île déserte de Baliceaux dans les Grenadines, en attendant qu’une décision soit prise sur leur sort. Mais là, la moitié d'entre eux mourut de la fièvre jaune en raison des mauvaises conditions de détention et d'alimentation. Pendant ce temps, les Britanniques continuèrent la chasse et détruisirent toutes les cultures de façon à affamer les survivants.
La déportation
Afin d’empêcher toute nouvelle résistance, le gouvernement britannique décida finalement de déporter la plupart des Garifunas. Le 26 octobre 1796, il fit embarquer sur des bateaux 5080 d’entre eux et les fit larguer sur la petite île hondurienne de Roatán, après avoir chassé la garnison espagnole qui occupait l’endroit.
Mais, ce 11 avril 1797, les Anglais ne laissèrent sur l’île de Roatán que 2248 Garifunas, les autres ayant péri au cours du long voyage. Les Garifunas qui étaient restés à Saint-Vincent furent conduits dans des colonies pour travailler dans le nord de l’île (où leurs descendants demeurent toujours).